Très attendus et pour cause, les nouveaux tarifs d'achat de l'électricité photovoltaïque, applicables à partir du 1er janvier 2010, ont enfin été dévoilés par Jean-Louis Borloo, ministre de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer : comme prévu, le tarif de 60,2 c€/kWh est maintenu pour les installations avec « intégration au bâti » ainsi que celui de 32,8 c€/kWh pour les installations au sol ; ce qui est nouveau par contre, ce sont, d'une part, un tarif de 45 c€/kWh pour les installations avec « intégration simplifiée au bâti » d'une puissance supérieure à 3 kW crête et, d'autre part, une modulation départementale du tarif pour les installations au sol d'une puissance supérieure à 250 kW crête, qui pourra varier de 32,8 c€/kWh à 39,4 c€/kWh selon l'ensoleillement.

publicité

Les règles d'intégration au bâti ont été renforcées afin de favoriser les meilleures solutions architecturales et esthétiques ; elles prendront leur plein effet au 1er juin 2010 afin de laisser aux professionnels concernés le temps d'adapter leurs offres. Le nouveau tarif intermédiaire de 45 c€/kWh vise le développement d'installations sur les bâtiments professionnels. Enfin, la départementalisation du tarif d'achat est censée entraîner, elle, une meilleure répartition des centrales solaires sur le territoire.

La publication de ces tarifs s'accompagne d'un projet d'arrêté qui prévoit le maintien de ces tarifs jusqu'en 2012, avec une formule d'indexation dégressive à partir de 2013 afin d'adapter le soutien au développement de la filière à l'évolution des technologies et, donc, des coûts de production et d'installation. Le projet d'arrêté sera soumis au Conseil supérieur de l'énergie avant d'être transmis, après éventuel amendement, pour avis à la Commission de régulation de l'énergie.

Nombre de professionnels se sont lancés dans le décryptage du projet d'arrêté et des différents tarifs, en émettant des réserves quant à la pertinence de tout ou partie des règles d'éligibilité au tarif d'intégration au bâti et au tarif intermédiaire, et en pointant du doigt les lacunes du projet d'arrêté. A suivre ...

Le communiqué officiel :
Nouveaux tarifs d'achat

Le décryptage par l'association Hespul et le CLER  :
Des tarifs en demi-teinte

Nous complétons notre tour d'horizon de l'actualité estivale avec une sélection des plus grands projets et réalisations de centrales solaires photovoltaïques et thermiques, annoncés ou concrétisés au cours des dernières semaines.

Côté photovoltaïque, la construction, par la société Solarezo, du plus grand parc solaire en France métropolitaine a démarré à Saint Clar, dans le Gers : réalisée avec des panneaux photovoltaïques à cellules solaires en silicium cristallin, cette centrale d'une puissance de 8,9 MW crête représente un investissement d'environ 35 M€, financé principalement par le Crédit Agricole, et devrait être opérationnelle au premier semestre 2010 ; Solarezo serait aussi en cours de négociation avec Sony pour la reprise du site du Japonais à Pontonx (Landes) afin d'augmenter sa capacité d'assemblage de panneaux solaires.

EDF Energies Nouvelles a annoncé un projet d'étude pour réaliser une centrale solaire photovoltaïque de 12 MW crête (avec au moins 15000 panneaux solaires d'une hauteur de 3,2 mètres) près du Creusot-Montceau, en Bourgogne, ceci indépendamment de l'appel d'offres du gouvernement français concernant des centrales dans chaque région de France.

L'intégrateur allemand Juwi a inauguré la plus grande centrale solaire photovoltaïque réalisée à ce jour en Allemagne : le parc de Lieberose, installé sur un ancien terrain militaire, affichera à terme une puissance de 53 MW (avec un total de 700000 panneaux couches minces de First Solar) et représente un investissement de 160 millions d'euros ; la centrale, déjà partiellement en service, sera entièrement terminée et raccordée au réseau électrique distribué à la fin de l'année.

L'intégrateur Colexon Energy de Hambourg a fini d'installer la plus grande centrale photovoltaïque réalisée avec des panneaux couches minces à Hassleben, dans le Brandebourg : 64000 panneaux PV de First Solar ont été installés, en partie à l'aide d'un hélicoptère, sur les 193000 m2 de la toiture d'un élevage, pour une puissance totale de 4,64 MW crête (4,4 millions de kWh annuels estimés) ; une extension supplémentaire de 1,2 MW est déjà prévue. A noter que la centrale va bénéficier d'un tarif de rachat de 43,99 c€/kWh.

Un protocole d'accord signé entre le gouvernement chinois et l'Américain First Solar prévoit la construction d'une centrale solaire photovoltaïque de 2 GW à Ordos, en Mongolie intérieure ; une première phase de 30 MW sera réalisée à partir de la mi-2010, l'extension à 100 MW, puis 870 MW et enfin 2 GW étant prévue en trois phases successives entre 2014 et 2019.

Dans le solaire thermique, eSolar a fini la construction d'une centrale d'une puissance de 5 MW dans le sud californien, près de la ville de Lancaster, réalisée en moins d'un an ; appelée Sierra Sun Tower, cette centrale de type CSP (concentration de la puissance solaire) fait appel à 24 000 miroirs pour concentrer l'énergie solaire. La société a par ailleurs signé au printemps dernier des contrats pour la construction de trois parcs solaires thermiques en Californie et au Nouveau-Mexique d'une puissance totale de 465 MW, et conclu un accord de licence de sa technologie de solaire thermique au groupe indien ACME, qui projette la réalisation de centrales d'une puissance totale de 1 GW de solaire thermique.

L'Allemand Solar Millennium a démarré la construction, via sa filiale Flagsol, d'une centrale solaire thermique à concentrateurs paraboliques sur le plateau de Guadix, en Andalousie, dans le sud de l'Espagne ; appelée Andasol 3, cette centrale d'une puissance de 50 MW sera la troisième de ce type dans cette région, après Andasol 1 (inaugurée au début de l'été) et Andasol 2 (en phase de test), et devrait être terminée en 2011. Les trois centrales devraient fournir, chacune, 170 Gwh d'énergie par an.

Le Britannique Sunstroom Energya annoncé son intention de construire une centrale solaire thermique de 50 MW à Saucedilla (Estrémadure), en Espagne ; la société veut lever 300 M€ pour financer le projet.

Photo eSolar

Avec le raccordement d'une puissance de 54 MW au premier trimestre 2009 et de près de 27 MW au second trimestre 2009, le parc photovoltaïque français poursuit son développement à un rythme soutenu : la puissance totale raccordée en métropole et dans les DOM a atteint 135 MW à fin juin 2009, soit 66% de plus qu'à la fin décembre 2008 ; les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur, Languedoc-Roussillon et Pays de la Loire totalisent désormais près de 50% de la puissance raccordée en métropole.

Ces informations ressortent du tableau de bord « éolien - photovoltaïque », publié pour la première fois fin juin par le ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer, pour permettre de suivre, au niveau national et par région, le développement de l'énergie éolienne et de l'énergie solaire. Il sera désormais publié chaque trimestre.

La France comptait 24583 installations raccordées au réseau à fin juin. Au premier trimestre 2009, les 54 MW raccordés signalent une progression de 265% comparé au premier trimestre 2008.

A titre de comparaison, l'éolien a passé la barre des 4 GW, avec 465 MW installés au premier semestre 2009, en hausse de 36% comparé au premier semestre 2008. La production d'électricité éolienne a progressé, elle de 22% comparé à 2008, avec 3,3 TWh au premier semestre 2009.

Les chiffres et statistiques :
Tableau de bord éolien-photovoltaïque

QualiPV est désormais la référence qualité pour le photovoltaïque en maison individuelle dans le paysage énergétique français : début septembre 2009, Qualit’EnR, l’organisme français qui gère les dispositifs de qualité pour les énergies renouvelables, recensait en effet plus de 4500 entreprises engagées dans la démarche QualiPV (charte qualité, formation, audits, etc.) pour accompagner les particuliers et leur apporter les conseils adaptés à leurs besoins.

Depuis le début de l’année 2009, il y a 3000 à 3300 demandes d'installations solaires PV par des particuliers par mois. Ce qui devrait, si la tendance se confirme, générer un marché de plus de 100 MW sur 2009 (soit autant que le marché national 2008), pour l’essentiel réalisé par des entreprises QualiPV. En février 2008, aucun installateur n’était engagé QualiPV. Fin 2008, on en comptait 2641.

Fondé par cinq entités professionnelles (CAPEB, Enerplan, UCF-FFB, UNCP-FFB et le SER), Qualit’EnR est depuis 2006 l’organisme garantissant la qualité d’installation des systèmes d'énergies renouvelables. Pour cela, Qualit’EnR gère des dispositifs de qualité : « Qualisol » pour le solaire thermique ; « QualiPV » pour le solaire photovoltaïque ;et « Qualibois » pour le chauffage bois énergie. Ensemble, ces trois dispositifs regroupent plus de 12500 entreprises.

Selon le classement établi par la société d'études iSuppli, First Solar, le spécialiste des cellules solaires couches minces (CdTe), figurerait en tête des du classement des fournisseurs de panneaux solaires, avec une capacité de production de 1,1 GW cette année, soit plus du double de l'an passé (503 MW), devant SunTech qui serait, lui, n°1 des panneaux en silicium cristallin.

Selon Henning Wicht, directeur senior et analyste chez iSuppli, First Solar est avantagé par son procédé de fabrication à bas coût (0,89 $/W au deuxième trimestre 2009), qui lui permet de vendre ses panneaux à un prix nettement moins élevé que celui de toutes les solutions en silicium cristallin. L'Américain serait ainsi le seul parmi les quatre plus grands fournisseurs à augmenter sa part de marché en 2009, à 12,8% (contre 7,5% en 2008), alors que SunTech, Sharp et Q-Cells passeraient tous trois en-dessous de la barre des 7% de part de marché, le fabricant allemand Q-Cells perdant à lui seul 2,2%.

Rappelons que First Solar a signé un accord avec EDF Energies Nouvelles en juillet dernier en vue de construire une usine de panneaux solaires couches minces de 100 MW en France pour les besoins propres d'EDF.

Selon iSuppli, le marché des panneaux solaires couches minces devrait croître jusqu'à atteindre une part de 34,5% de la production solaire en MW au niveau mondial d'ici 2013, contre 14,2% en 2008. Ceci grâce à la baisse des coûts de production des couches minces. Mais cette technologie ne devrait pas dépasser la technologie silicium dans un proche avenir.

La société américaine Nanosolar, spécialisée dans les panneaux solaires couches minces (CIGS), annonce l'inauguration de son usine européenne située à Luckenwalde, près de Berlin (Allemagne), pour laquelle elle revendique une capacité de production potentielle de 640 MW par an ; en phase de démarrage, elle ne produira néanmoins qu'environ 1 MW par mois, avant de monter en puissance au fur et à mesure que ses clients obtiennent les financements nécessaires à leurs projets.

Nanosolar affiche un carnet de commandes de quelque 2,8 milliards d'euros. La société, qui possède déjà une usine d'une capacité potentielle de 1 GW par an à San Jose (Californie), pourrait devenir un sérieux concurrent pour First Solar, le spécialiste des couches minces (CdTe) aujourd'hui n°1 mondial dans les panneaux photovoltaïques, ainsi que pour Solyndra, un fabricant de panneaux photovoltaïques tubulaires également en technologie CIGS, qui vient de démarrer la construction d'une usine de 500 MW près de son siège à Fremont (Californie). Ses cellules solaires CIGS ont récemment été certifiées par le laboratoire américain NREL pour un rendement de conversion de 16,4 %, le maximum atteint jusqu'ici dans ce domaine. Il s'agit toutefois là d'un rendement maximum obtenu en R&D, le rendement moyen en production se situe, lui, entre 11 et 12% (10,9% pour First Solar).

Le procédé de production de Nanosolar fait appel à des encres à particules nanométriques déposées par impression ; ce procédé est compatible avec une fabrication en continu dite « roll to roll ».