Le 12 mars dernier, le Conseil supérieur de l'énergie a adopté le projet d'arrêté mettant fin à la bonification de 5 ou 10% sur les tarifs d'achat de l'électricité photovoltaïque produite par des installations solaires utilisant des panneaux « made in Europe ».

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Seule consolation : l'arrêté ne sera pas rétroactif, grâce à la mobilisation des organismes professionnels tels Enerplan et SER-Soler …

Les projets pour lesquels une demande complète de raccordement a été déposée avant le 10 mars 2014 continueront donc à bénéficier de la majoration « made in Europe », s’ils y sont techniquement éligibles.

Quid maintenant du marché désormais peu attrayant de 9 à 100 kW ? Le SER-Soler annonce qu'il va « formuler des propositions de nature à permettre le maintien d’une activité sur ce segment sans augmenter les niveaux de tarifs », mais sans donner plus de précisions.

Dévoilé début mars, l'arrêté supprime un dispositif qui aura été octroyé à peine plus d'un an, la France ayant été rappelée à l'ordre par Bruxelles sur ce dispositif jugé contraire au droit de libre échange (voir notre article). Pré-annoncée en février 2012 par l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy en visite chez Photowatt à Grenoble avant la reprise de ce dernier par EDF ENR, la bonification avait fini par être inscrite dans une loi avec effet au 1er mars 2013.

L'avenir industriel de l'usine française de Bosch Solar à Vénissieux par Sillia Energie avec le soutien d'Urbasolar se confirme. Le projet définitif avec le montage financier présenté il y a quelques jours par le repreneur breton semble avoir satisfait à la fois la société Bosch, les cabinets d'experts et les instances syndicales représentatives du site. Si tout se passe comme prévu, l'assemblage de panneaux photovoltaïques stoppé depuis décembre dernier pourrait reprendre en juin 2014 avec une montée en puissance pour atteindre le rythme de 2400 panneaux/jour d'ici fin 2015. La semaine dernière, la vente de l'usine d'Arnstadt de Bosch Solar à son compatriote SolarWorld a, elle, été entérinée …

Au plan financier, l’offre proposée n'implique en effet plus seulement Sillia Energie et le soutien d'Urbasolar (voir notamment notre dernier article) mais aussi le groupe Bosch qui apporte une contribution significative (3,1 millions d’euros par an pendant trois ans, outre une vente pour 1 € symbolique, selon le site Tecsol) afin de relancer l’activité et pérenniser, pour un temps, le fonctionnement et les emplois sur le site. Le soutien gouvernemental est lui aussi acquis, avec un engagement de la BPI (Banque Publique d’Investissement) pour l’octroi d'un prêt de 3,3 millions d’euros demandé par le vendeur afin de rendre le projet viable dans la durée, nous a confié Christian Marcuola, représentant CFDT. Sillia apporterait, pour sa part, 1 M€ de fonds et un plan pour la reprise et la poursuite dans le temps de l'activité industrielle, sans remise en cause des contrats de travail et des rémunérations mais après des discussions sur l’organisation du travail sur le site. Ce qui semble indispensable avec la réduction des effectifs de 240 à 128 employés.

Le plan industriel inclut : les résultats de l’appel d’offres CRE 2 avec un nombre de projets impliquant l'assembleur français ; le soutien d'Urbasolar pour qui l'accord avec Sillia lui permettra d'offrir à ses clients, nationaux et internationaux, une solution globale de la production à l’installation des modules ; une activité de sous-traitance, complémentaire à la production propre, grâce à des lettres d’intentions pour un volume mensuel de l’ordre de 5 MW signées avec le Coréen Ben Q comme client principal à 90%, mais aussi le Chinois Yingli ; et des partenariats avec l’INES et le CEA, mais aussi d’autres, en vue de faire évoluer techniquement les performances des produits dans le temps. En outre, pour les experts qui ont audité l'offre de reprise, Sillia dispose d'un réel atout au niveau de ses achats, une performance acquise grâce à l'expérience dans ses autres activités (sous-traitance électronique) au sein du groupe Sofie qui lui permettrait d’obtenir des prix parmi les plus bas du marché. Enfin, les aides financières serviront à des investissements matériels, nécessaires à la fois pour monter en puissance et pour atteindre l’objectif de 2400 panneaux PV/jour. Le site sera ainsi rapidement équipé de deux nouvelles machines « stringers » pour l'assemblage des chaînes de cellules solaires, une étape qui est classiquement un goulot d'étranglement sur la ligne de production toute moderne et automatisée qu'elle soit. Cet investissement avait déjà été prévu par Bosch avant son désengagement du PV.

Parallèlement, la reprise de l'usine allemande de cellules solaires et d'assemblage de Bosch à Arnstadt par Solarworld, annoncée en novembre 2013, a été finalisée la semaine dernière. Les détails financiers n'ont pas été divulgués. Solarworld a repris quelque 800 employés, sur un total de 1400 postes existants. Dans le communiqué de presse, le groupe Bosch précise que, pour son site de Vénissieux en France, « les négociations avec un investisseur potentiel sont à un stade avancé. » Solarworld, dont 29% du capital appartient depuis sa restructuration financière à Qatar Solar, un fonds d'investissements qatari, projette par ailleurs la mise en place d'une filière PV, du matériau silicium à l'assemblage de panneaux, dans les émirats, en coopération avec son partenaire local.

Selon NPD Solarbuzz, la demande sur le marché mondial du photovoltaïque continuera à croître en 2014, à quelque 49 GW, avec une situation plus équilibrée entre l'offre et la demande que ces trois dernières années. La Chine, le Japon et les Etats-Unis seront les pays les plus porteurs, comme en 2013 …



Ces trois dernières années, le prix système des installations photovoltaïques et le coût d'assemblage des panneaux PV ont chuté de plus de 50%. Parallèlement, on a assisté à un assainissement du marché avec la disparition de fournisseurs peu compétitifs, ce qui a abaissé le nombre de fabricants de 250 en 2010 à 150 et 2013. Selon la dernière édition du rapport Marketbuzz de NPD Solarbuzz, la baisse des prix, la consolidation industrielle et une situation plus équilibrée de l'offre et de la demande nous conférera une année 2014 assez classique, avec une croissance conditionnée par la disponibilité d'une offre suffisante. Si l'un des trois pays porteurs devait connaître une baisse de rythme, les autres pays devraient être capables de la compenser avec une hausse de la demande.

La technologie du solaire photovoltaïque à haute concentration (HCPV) s'améliore constamment, et pourrait bientôt sérieusement rivaliser avec les solutions solaires conventionnelles, estime IHS dans une récente étude. De 40 à 42% actuellement, le taux de conversion des cellules solaires HCPV dépasserait 45% en 2017 …



Ces cellules solaires HCPV faisant appel à un dispositif optique de concentration de la lumière pourraient alors mener à des taux de conversion de 40% au niveau système, contre moins de 35% actuellement. Pour Karl Melkonyan, analyste pour le photovoltaïque chez IHS, la technologie CPV est sur le point de percer sur le marché mondial. Le taux de conversion de la cellule solaire au cœur du dispositif est l'élément le plus important pour réduire les coûts de génération de l'électricité en CPV. Des taux de rendement de 44,7% ont déjà été obtenus en laboratoire, et laissent augurer de nouvelles avancées dans ce domaine. Les gains potentiels doivent toutefois être évalués en regard des coûts supplémentaires induits dans la fabrication.

Avec des prix système en baisse, la technologie HCPV devient de plus en plus attrayantes pour certaines régions du monde. IHS prévoit l'installation d'un grand nombre de centrales HCPV aux Etats-Unis et en Amérique centrale d'ici 2017, où 54,1 MW ont déjà été réalisés en 2012. Le marché sud-américain du CPV devrait, lui, progresser fortement, de l'ordre de 560% entre 2013 et 2017, principalement tiré par le Chili qui affiche le taux d'irradiation le plus élevé du monde. Mais, selon IHS, les marchés du Moyent-Orient et d'Afrique devraient atteindre les plus fortes croissances pour atteindre 155 MW en 2017 comparé à seulement 1,8 MW en 2012. Un marché tiré par le Maroc et l'Arabie Saoudite.

Après quelques années difficiles et la disparition de sociétés comme SolFocus ou GreenVolts du fait de la concurrence du PC classique à la suite de la baisse drastique de ses coûts en 2011 et 2012, la technologie CPV revient maintenant sur le devant de la scène. Parmi les survivants figurent, en tête, le Chinois Suncore Photovoltaics et le Français Soitec Solar, qui devraient installer 50 MW cette année. Les Américains Solaria et SunPower ainsi que le Portugais Magpower complètent le Top 5 du secteur, qui pèse aujourd'hui plus de 80% du marché CPV. Le Français Heliotrop et l'Américain Semprius devraient aussi se rapprocher des élites cette année. IHS s'attend en outre à de nouveaux arrivants dans ce secteur.