A l'instar de la France et d'autres pays, le Royaume-Uni vient à son tour de lancer un débat pour réduire ses aides financières au solaire.

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Objectif : limiter, pour l'état et les consommateurs, les coûts induits par un déploiement plus rapide que prévu des centrales photovoltaïques outre-Manche, notamment des grandes fermes solaires rétribuées par des certificats d'obligations renouvelables (ROC), et promouvoir le segment des toitures moyennes bénéficiant, elles, d'un tarif d'achat avec une dégressivité planifiée. Lancée le 13 mai dernier, la consultation du ministère britannique de l'énergie (DECC) propose la suppression des ROC pour les sites de plus de 5 MW au 1er avril 2015 …


Force est de constater que, comme tous les pays ayant boosté le déploiement du photovoltaïque sur leur sol à l'aide de tarifs d'achat ou d'autres dispositifs incitatifs, le Royaume-Uni n'échappe pas à la règle de la "courbe infernale" (Source : First Solar, L'Echo du solaire) ... toutefois, rien ne permet à ce jour de prédire un écroulement du marché britannique même si le syndicat professionnel STA (Solar Trade Association) a déjà tiré la sonnette d'alarme.

La consultation actuelle, qui sera close le 7 juillet prochain puis devrait être rapidement suivie des décisions gouvernementales, part du constat que le déploiement du photovoltaïque au Royaume-Uni (Angleterre, Pays de Galles et Écosse) a pris de l'avance sur l'objectif de 2,4 à 4 GW de grandes fermes solaires d'ici 2020. Le dispositif des ROC visait à « encourager un déploiement lent mais stable », précise le DECC qui prévoyait environ 900 MW de nouvelles grandes fermes solaires d'ici 2016/2017. Les dernières statistiques font toutefois état d'un volume d'installations bénéficiant de ROC de 545 MW à fin mars 2014 , et de 1,2 GW de projets en attente d'accréditation. Selon des sources industrielles, une puissance supplémentaire de 1,5 GW de grandes fermes solaires pourrait encore être installée en 2014/2015, sans aucun signe de ralentissement pour la période au-delà. Ceci conduirait à plus de 5 GW de PV à l'horizon 2017, soit largement plus que ce qui est considéré comme « supportable » par le DECC qui estime devoir intervenir. Ses propositions : supprimer le régime des ROC à partir du 1er avril 2015 pour toutes les centrales PV de plus de 5 MW, sur bâtiments et au sol, qu'il s'agisse de nouveaux projets ou d'extensions de projets existants (sauf si une accréditation a été obtenue avant le 13 mai 2014 ou si d'importants engagements financiers d'au moins 100000 £/MW ont été pris avant cette date). Ces fermes solaires pourraient alors recourir au futur mécanisme des contrats de différence (CFD), déjà en place pour l'éolien, pour vendre l'électricité produite ; les premières allocations sont prévues sous forme d'enchères à partir d'octobre 2014.

Le ministère souhaite par contre encourager le développement de projets PV en toiture au-dessus de 50 kW, une démarche qui serait plus fortement créatrice d'emplois. Sa principale proposition dans ce domaine consiste à moduler la diminution des tarifs d'achat à la fois selon le type de centrale PV et selon le volume installé par trimestre. Globalement, le tarif d'achat devrait baisser moins vite pour les projets en toiture que pour les systèmes au sol.

Dans son document, le ministère précise en outre que des contraintes plus draconiennes ne sont pas à exclure suite à cette consultation et/ou à l'avenir, si le risque budgétaire du déploiement PV devait s'avérer plus élevé que ses estimations actuelles.

Pour en savoir plus, notamment sur d'autres solutions d'évolution des mécanismes de soutien au déploiement du solaire non retenues à l'heure actuelle (plafonnement du nombre de ROC ou de la puissance cible), cliquer sur le document de consultation

Selon les analystes de NPD Solarbuzz, le Japonais Sharp Solar aurait retrouvé sa position en tête du classement des fournisseurs de panneaux photovoltaïques en termes de volume de livraisons avec près de 750 MW au 1er trimestre 2014. Ces cinq dernières années, l'Américain First Solar et des fabricants soit chinois soit produisant en Chine lui avaient ravi cette place …



Sharp avait été l'industriel leader du marché mondial du photovoltaïque pendant 45 ans, de 1963 à 2008. Pour Ray Lian, analyste senior chez NPD Solarbuzz, Sharp Solar a bénéficié d'une demande saisonnière extrêmement forte au Japon ces derniers mois, et a pu rapidement augmenter ses volumes de livraison en faisant appel à des sous-traitants en Chine et à Taïwan. A noter que le Japon a installé 6381 MW de puissance PV entre le 1er avril 2013 et fin février de cette année, dont 569 MW en janvier et 537 MW en février.

De 1963 à 2008, Sharp avait une stratégie de fabrication très verticale, produisait ses propres cellules solaires et assemblait l'intégralité de ses panneaux PV en interne. Ces dernières années, la firme avait toutefois recentrée son activité dans le PV sur la commercialisation de panneaux assemblés par des partenaires sous-traitants installés en Chine et à Taïwan. Pour Ryan Lian, le retour à une position de leader prouverait la valeur de la notoriété d'une marque ainsi que la viabilité d'un modèle de production « fab-lite », avec une gestion efficace de la combinaison de ressources internes avec celles de sous-traitants.

Selon les statistiques d'IHS Technology, l'Américain First Solar aura été, avec 1,1 GW de puissance installée, le premier intégrateur de l'industrie du photovoltaïque l'an passé en tant que contractant EPC complet (Engineering, Procurement and Construction) mais pourrait être dépassé par le Chinois TBEA SunOasis qui vise 1,5 GW d'installations cette année …



L'Américain First Solar aurait installé 22% du volume non-résidentiel aux États-Unis et au Canada, et reste fortement cantonné en Amérique du Nord, selon Josefin Berg, analyste senior chez IHS. « Les grandes centrales PV représenteraient 93% des nouvelles puissances qui seront installées en 2014. Après 2015, avec la fin annoncées des subventions, la firme risque d'être confrontée à une croissance plus faible en Amérique du Nord et il lui sera difficile de se maintenir en tête, même si elle affiche un carnet de commandes de 1 GW en Amérique latine et au Moyen-Orient », souligne Josefin Berg.

A l'opposé, TBEA SunOasis surfe sur la vague de croissance du marché chinois et la puissance de 1 GW que la société a installé l'an passé n'a représenté que 10% du marché chinois dans le non-résidentiel. Ses prévisions s'affichent à 1,5 GW pour 2014. TBEA vise aussi, outre les grandes centrales PV en Chine, à développer des projets au Pakistan où la société construira une ferme solaire de 100 MW d'ici 2015. « Mais avec un marché chinois en progression de 31% cette année, TBEA restera concentré sur son marché domestique », estime Josefin Berg.

Selon les statistiques de NPD Solarbuzz, les 20 premiers fournisseurs de panneaux photovoltaïques afficheraient une hausse de 30% de leurs livraisons en 2014, des sociétés comme Trina Solar, Canadian Solar, ReneSola et Jinko Solar prévoyant même une croissance agressive de plus de 40%. Partant, le marché mondial pourrait monter à 50 GW cette année …


Pour Ray Lian, analyste senior chez NPD Solarbuzz, « les 20 premiers fournisseurs de panneaux PV réaliseront 70% des livraisons mondiales, et ils constituent des indicateurs pour les prix et pour la croissance de l'industrie. S'ils atteignent leurs objectifs de livraisons, la demande pourrait monter à 50 GW en 2014. »

Yingli Green Energy prévoit de fournir le plus gros volume de panneaux PV en 2014, avec une fourchette haute de 4,2 GW, ce qui reconduirait le Chinois en tête du classement des livraisons annuelles pour la 3e année consécutive. Les principaux fabricants japonais, Sharp Solar et Kyocera, prévoient, eux, une hausse de 15% de leurs livraisons cette année, en phase avec la hausse d'un marché japonais toujours porteur. Les deux sociétés détiennent d'importantes parts de marché sur leur sol.

Comme annoncé (voir nos articles ici et ici), l'acte de vente de l'usine de panneaux photovoltaïques de Vénissieux du groupe Bosch à Sillia Énergie a été signé par les deux parties le 11 avril dernier. Le président de Bosch France, Guy Maugis, a confirmé à l'occasion de la présentation des résultats 2013 du groupe que le « closing » devrait intervenir début juin …

Le ministre de l'économie, Arnaud Montebourg, a salué l’accord avec la publication d'un communiqué de presse dans lequel il « adresse ses remerciements aux salariés du site de Vénissieux et à leurs représentants, pour leur confiance et leur détermination dans ce projet de reprise, ainsi qu’à l'entreprise BOSCH et à sa direction qui ont travaillé avec responsabilité et civisme à la recherche d'une solution permettant de maintenir les capacités industrielles du site et de sauvegarder un maximum d'emplois … Il souhaite aux repreneurs, l'entreprise Sillia associée à Urbasolar, tous ses vœux de succès dans la reprise qui s'accompagne d'un engagement de l'industriel allemand à soutenir pendant trois ans l'activité de la nouvelle entité. »

L'usine de panneaux PV de Vénissieux est l'une des plus modernes d'Europe, avec une capacité annuelle d'assemblage de 150 MW. Environ la moitié des quelque 240 salariés gardent leur emploi. Il est à noter toutefois que, selon la CFDT, les employés repris par Sillia revendiquent aussi une garantie de salaire à 100% en cas de chômage, pour une période de 3  ans. A ce jour, Bosch ne leur a pas donné satisfaction.

Pour la plate-forme commerciale pvXchange, les prix de gros des panneaux photovoltaïques en silicium cristallin ont quasiment tous diminué d'environ 3 c€/Wc en avril 2014 après la baisse du prix plancher des importations de panneaux PV chinois désormais cimentés autour de 0,56 €/Wc. Une baisse qui n'a guère dynamisé le marché …



L'Allemagne, surtout, est désormais à la traîne (voir également notre article). La crainte d'un nouveau recul des installations PV à moins de 2 GW cette année s'installe fermement outre-Rhin, alors que des ténors de l'industrie des panneaux photovoltaïques comme JA Solar, Canadian Solar, Kyocera et First Solar annoncent des hausses de leurs ventes mondiales au 1er trimestre 2014 et révisent même à la hausse leurs prévisions pour l'ensemble de l'année. Le Royaume-Uni affiche, lui, 1085 MW d'installations PV raccordées au 1er trimestre 2014, soit plus que la puissance cumulée des dernières années (1030 MW).