Les rumeurs vont bon train depuis quelques jours : le prix plancher des panneaux photovoltaïques d'origine chinoise, fixé à 0,56 €/Wc début août 2013 en vertu d'un accord entre l'Union européenne et la Chine, devrait être abaissé à 0,53 €/Wc ce 1er avril 2014, soit une diminution de 5%.

publicité

L'arrivée de fournisseurs asiatiques hors Chine offrant des prix inférieurs au prix plancher est avancé comme l'une des raisons à cette évolution à la baisse …

Parallèlement, la chambre de commerce chinoise pour les importations et exportations de produits et équipements électroniques (CCCME) sise à Pékin a publié des statistiques indiquant une forte baisse des exportations de panneaux photovoltaïques vers l'Europe. En 2012, le marché européen du PV aurait atteint 17,58 GW, avec 82% de panneaux de source chinoise. En 2013, le marché européen a chuté à 10,25 GW, avec seulement 46% d'importations chinoises. Soit environ 4,8 GW.

Selon PV-Tech qui avait repris l'information initialement publiée par le site Solar Power Portal, l'information d'une baisse du prix plancher semble avoir été confirmée officieusement. L'accord signé en août dernier prévoit en effet une révision trimestrielle du prix plancher des importations chinoises. Le volume des livraisons de panneaux PV chinois vers l'Union européenne devrait rester fixé, lui, à 7 GW, bien qu'il n'y ait jamais eu d'accord officiel ratifié à ce sujet. Depuis quelques mois, L'Echo du solaire a signalé, pour sa part, à plusieurs reprises la disponibilité de panneaux photovoltaïques de provenance asiatique à des prix inférieurs à 0,56 €/Wc dans ses articles sur les prix de gros des panneaux photovoltaïques en silicium cristallin, un indicateur de la plate-forme commerciale pvXchange (voir notamment ici). Des panneaux PV à 0,51 €/Wc ont ainsi déjà été proposés dès l'automne 2013. Pour autant, des fabricants chinois ont aussi fait appel à des sous-traitants avec des sites d'assemblage dans d'autres pays du Sud-Est asiatique pour contourner la réglementation et l'accord EU-Chine, et pour pouvoir proposer des prix inférieurs aux 0,56 €/Wc.

Le ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie (Medde) a suivi les recommandations de la Commission de régulation de l'énergie (CRE) concernant les projets retenus dans le cadre du 2e appel d’offres pour les grandes installations photovoltaïques de plus de 250 kWc. Au final, la liste des projets lauréats comprend 121 dossiers cumulant une puissance de 380 MW, soit moins que la puissance cible totale de 400 MW annoncée. Les quatre régions du Sud de la France se partagent 80% du gâteau …


La centrale photovoltaïque de 25 MWc construite par Juwi EnR à Ortaffa, dans les Pyrénées-Orientales, pour le compte de 123Venture a été réalisée dans le cadre du premier appel d’offres national géré par la CRE.

Récapitulatif des projets par type d'installation (pour comparer avec les puissances souhaitées, voir notre article)

Centrales PV à concentration au sol de moins de 12 MWc : 5 projets, 22,1 MWc.

Centrales PV au sol avec au moins 50% de concentration et moins de 12 MWc : 11 projets, 80,8 MWc.

Centrales PV au sol avec trackers de moins de 12 MWc : 16 projets, 102,75 MWc.

Centrales PV servant d'ombrières de stationnement de moins de 4,5 MWc : 27 projets, 60,2 MWc.

Centrales PV sur bâtiment de moins de 3 MWc : 60 projets, 100,4 MWc.

Centrales PV sur bâtiment de 3 à 12 MWc : 2 projets, 12,21 MWc (pour une cible souhaitée de 40 MWc !)

Géographiquement, trois régions se partagent 75% de la puissance totale, tandis que 80% des projets sont situés dans les quatre grandes régions du Sud de la France. La région Provence-Alpes-Côte d'Azur arrive ainsi en tête avec 129 MWc (33 projets), suivie des régions Languedoc-Roussillon avec 111 MWc (37 projets), Aquitaine avec 44,4 MWc (11 projets) et Midi-Pyrénées avec 39,3 MW (15 projets). La Région Rhône-Alpes n'atteint déjà plus que 18 MW (10 projets) et Poitou-Charentes 14,6 MWc (6 projets). Il y a trois projets en Pays de la Loire (7,8 MWc), et un seul en Bourgogne (9 MWc), en Lorraine (1,57 MWc), dans la Région Centre (2,3 MWc), en Auvergne (1,26 MWc), dans le Limousin (1,05 MWc) ou encore en Corse (1,04 MWc).

Rappelons que 396 dossiers avaient été déposés à la date limite du 16 septembre 2013, dont 357 déclarés complets par la CRE pour une puissance totale de 1726,3 MW et un prix moyen pondéré de production d'électricité de 142,5 €/MWh (voir notre article). Après analyse, un classement avec des fiches d'instruction a été transmis au ministère fin janvier 2014. Avec la liste désormais publiée, le ministère a essentiellement suivi les recommandations de la CRE, en respectant particulièrement la puissance cible dans chacune des six sous-familles. Seul le retrait d'un projet de centrale PV sur bâtiment de moins de 3 MWc par le candidat lui-même a conduit au choix de deux autres projets classés immédiatement après mais qui n'avaient pas été retenus en premier lieu parce qu'ils dépassaient la puissance cible. Aucun prix de production d'électricité ni aucune moyenne pondérée n'a été indiqué pour les 121 projets lauréats.

Pour plus d'informations, consulter la délibération de la CRE
Pour la liste des lauréats, cliquer ici

Rappelons que le 3e appel d'offres pour des centrales photovoltaïques de plus de 250 kWc devrait être prochainement lancé. La CRE a consulté les acteurs du secteur en vue d'élaborer le cahier des charges jusqu'à hier, 31 mars 2014 (voir notre article).

Selon GlobalData, le fabricant chinois de panneaux photovoltaïques Yingli Green Energy a réussi à maintenir sa position de leader mondial pour la 2e année consécutive. Sa part de la production mondiale de panneaux photovoltaïques aurait ainsi atteint 9,4% en 2013 avec un volume de 3,2 GW, soit 400 MW de plus que son compatriote Trina Solar. « Le groupe a confirmé sa diversification vers des marchés cibles. Il s'est notamment émancipé du marché européen, qui représentait 63% de ses ventes en 2012 mais plus que 30% l'an passé. Pour autant, nos exportations vers l'Europe ont encore dépassé 1 GW en 2013 », nous a confié Arnaud Catrice, directeur général pour Yingli France …



« Yingli a aussi réussi à augmenter ses livraisons vers les Etats-Unis malgré les taxes antidumping, et à pénétrer fortement sur le marché chinois l'an passé, qui a absorbé 35% de nos livraisons sur l'année. Nous sommes aussi très présents sur les marchés émergents, la partie « rest of the world » de nos livraisons a explosé de 600% en 2013 comparé à 2012. Ces marchés pourraient représenter jusqu’à 40% de nos exports en 2014 », souligne Arnaud Catrice. « Enfin, la filiale France, qui est désormais responsable de la distribution locale en France, en Suisse, au Benelux et au Royaume-Uni, a vendu 80 MW en 2013. Nous soutenons aussi activement le groupe dans son développement en Afrique francophone. »

Selon Sameer Joshi, directeur de recherche et d'analyse sur les énergies renouvelables chez GlobalData, « la demande sur les marchés du PV a entraîné une croissance de 10,4% de la production de panneaux solaires en silicium cristallin, de 30 GW en 2012 à 33 GW en 2013. Parallèlement, les prix des modules se sont stabilisés à 0,75 $/W fin 2013 (environ 0,54 €/W), et les principaux fabricants ont pu afficher des marges brutes positives. Des restructurations, notamment en termes de coûts et de rendement de production, restent toutefois nécessaires avant de renouer avec des bénéfices. »

Le Japonais Sharp est entré dans le Top 5 des fabricants de panneaux PV de GlobalData en 2013, après une 6e place en 2012. Canadian Solar est passé de la deuxième place en 2012 à la quatrième en 2013. Enfin, JinkoSolar (8e en 2012) a pris la cinquième place à JA Solar l'an passé. A noter aussi que l'Américain First Solar n'est plus dans le Top 5, ses livraisons de panneaux PV à couches minces (CdTe) ayant diminué à quelque 1,7 GW. La firme « consomme » ses panneaux PV pour ses propres projets.

L’année 2013 marque le retour à la baisse pour le marché français du solaire thermique. Selon les statistiques publiées par le syndicat professionnel Uniclima, l'année dernière a en effet été dramatique, avec un recul de 21 à 22% des livraisons selon les équipements. En termes de surface de capteurs solaires installés, le marché passe de 250600 m2 en 2012 à 190300 m2 en 2013, soit une baisse de 24% qui est toutefois due en partie à l'optimisation des systèmes …



L’optimisation des systèmes entraîne en effet une diminution de la surface moyenne de capteur nécessaire par équipement individuel : cette surface n'est aujourd'hui plus que de 4 m2 pour un chauffe-eau solaire individuel (Cesi) et 10,6 m2 pour un système solaire combiné (SSC).

Après une année de relative stabilisation en 2012, le marché du solaire thermique est néanmoins reparti à la baisse de manière significative sur l'Hexagone. Par catégories d'équipements, les livraisons de Cesi ont chuté de 25900 unités en 2012 à 20500 unités en 2013 (-21%). Le marché des SSC a également chuté de 21% en 2013 par rapport à 2012. Avec seulement 1100 unités livrées l'an passé contre 1400 en 2012 (déjà -19%), ce type d'équipement ne semble pas trouver sa place ni dans le neuf ni dans l’existant en France, contrairement à ce qui se passe dans d'autres pays (en Allemagne, notamment). Seul le marché des colonnes solaires (soit des chaudières compactes associées à un Cesi) s'est stabilisé. Ces équipements représentent désormais plus de 25% du marché du Cesi, et sont particulièrement présents dans le neuf.

RT 2012 : une réglementation défavorable au solaire thermique
Les capteurs solaires destinés aux immeubles collectifs ou tertiaires ont représenté 51% du marché total en 2013, contre 50% en 2012. Principalement porté par le neuf, ce secteur a toutefois connu une baisse de 24% l'an passé, à 97500 m2, comme Uniclima l'avait prédit. Bien qu'en progression continue depuis 2006, il souffre en effet désormais de l’application de la RT2012 : si le recours au solaire thermique était indispensable pour respecter les exigences réglementaires dans les immeubles BBC, la RT 2012 a prévu une exception jusqu'en 2015, avec la majoration de la consommation de 7,5 kWh/m2.an. Du coup, avec une isolation renforcée, l'utilisation d'une chaudière gaz à condensation suffit pour respecter la réglementation. Dans les maisons individuelles, l'exigence de production minimale se situe à 5 kWh/m2.an  de sources d'énergies renouvelables pour l’eau chaude sanitaire, ce qui permet de recourir à un chauffe-eau thermodynamique, plus simple et moins coûteux qu'un Cesi.

Dans les équipements solaires, Uniclima revendique une représentativité industrielle de 77%.

Selon IHS, le marché mondial des installations photovoltaïques devrait progresser de 22% cette année, à 46 GW, soit 5 GW de plus que ce que les analystes prédisaient il y a encore quelques mois grâce à deux grands marchés porteurs : la Chine devrait installer 13 GW de PV tous systèmes confondus, et le Japon notamment 9 GW de toitures commerciales. Ces deux pays devrait représenter 44% du marché cette année …



Pour la société d'études de marché, les 13 GW installés en 2014 en Chine se répartiraient comme suit : 8 GW de projets PV au sol et 4,8 GW en toiture. « IHS est dubitatif quant à la capacité du gouvernement chinois à atteindre son ambitieux objectif de 8 GW de photovoltaïque en toiture en 2014 », souligne Ash Sharma, directeur senior des études de marché sur le solaire chez IHS. « Mais l'annonce d'une réorientation du déploiement du PV en Chine vers des centrales au sol et d'un objectif de 6 GW dans ce secteur nous a amené à réviser nos prévisions à la hausse pour 2014. » Pour l'analyste, la Chine installerait cette année plus que l'ensemble des pays européens, où le marché déclinerait pour la 3e année consécutive, à 9,7 GW.

Concernant le Japon, IHS avait d'abord réduit ses prévisions sur la base d'un recul du marché résidentiel. La baisse des tarifs d'achat (voir ici et ici) ainsi que la hausse de la TVA qui prend effet ce 1er avril, le frein sur le marché de la construction, ou encore la fin des subventions régionales directes sont autant de facteurs conduisant à la plus grande prudence. La faiblesse du marché résidentiel japonais devrait toutefois être plus que compensée par une très forte croissance des toitures commerciales estimé à 45% cette année. Ce secteur passerait ainsi de 6,3 GW en 2013 à 9 GW en 2014.

« Alors que les aides gouvernementales se réduisent en Europe, les prévisions d'IHS ne changent pas pour le déploiement du photovoltaïque sur le long terme au niveau mondial », précise Ash Sharma. « La croissance annuelle sera supérieure à 10% au cours des cinq prochaines années et la puissance totale installées dépassera 400 GW à la fin 2018. IHS a identifié 32 pays qui devraient s'équiper de plus de 100 MW de PV, dont sept passeraient le cap du GW installé en 2014. »