La Commission de régulation de l’énergie (CRE) vient de lever le voile sur les réponses à l’appel d’offres portant sur la réalisation et l’exploitation d’installations de production d’électricité à partir de l’énergie solaire de plus de 250 kWc clos le 16 septembre dernier. Les 355 dossiers déclarés complets cumulent une puissance totale de 1720,5 MWc avec des prix de production d'électricité entre 93 et 287 €/MWh. Le hic : la puissance ciblée par l'appel d'offres n'est que de 400 MW …



La puissance ciblée est répartie sur six sous-familles. A noter que les centrales photovoltaïques au sol avec trackers jusqu'à 12 MWc représentent 52,6% des dossiers complets mais 71,8% de la puissance totale, avec 1235 MWc. La puissance cible pour cette sous-famille s'élevait à 100 MWc. Certains de ces dossiers affichent le plus bas prix de production, alors que les prix des centrales 100% photovoltaïques à concentration figurent parmi les plus élevés. A l'opposé, la sous-famille des installations solaires sur bâtiments de 3 à 12 MWc n'a elle généré que 5 dossiers, dont seulement 4 sont complets pour une puissance totale de 20,47 MW alors que, dans cette catégorie, la puissance cible s'élevait à 40 MW. La CRE avait reçu au total 396 dossiers représentant une puissance de 1968 MWc.

La CRE dispose maintenant de quatre mois, c'est-à-dire jusqu'au 1er février 2014, pour instruire les dossiers et en fournir une liste avec des notes chiffrées au ministre chargé de l'énergie Philippe Martin. La note, qui s'établira sur 30 points au maximum, se basera sur trois critères : le prix (jusqu'à 12 points) ; l'évaluation des impacts environnementaux et des risques industriels ainsi que l'évaluation carbone simplifiée (8 à 10 points) ; et la contribution à la R&D (8 à 10 points). L'Ademe devrait assister la CRE sur ce dernier volet, ce qui pourrait poser problème vu que cet organisme figure depuis le printemps 2012 au capital d'Exosun (voir notre article), fabricant français de trackers présent dans un nombre de dossiers de la sous-famille 2.

Début août dernier, la Commision européenne dévoilait un accord commercial amiable entre l'Union Européenne et la Chine à la suite de l'enquête anti-dumping dans le photovoltaïque, accord qui se fondait sur une « offre d'engagement commun de prix » faite par un groupe de producteurs-exportateurs chinois en concertation avec la Chambre de commerce chinoise pour l’importation et l’exportation de machines et de produits électroniques (CCCME), offre qui avait aussi reçu l'appui des autorités chinoises. Mais aucun texte officiel n'a été publié jusqu'ici, l'industrie est dans le flou le plus total, a fustigé Reinhold Buttgereit, secrétaire général de l'EPIA (association de l'industrie photovoltaïque européenne) lors de la manifestation EU PVSEC début octobre …

Selon diverses sources, l'engagement accepté par la Commission européenne établissait un prix plancher de 0,56 €/Wc pour les panneaux photovoltaïques importés de Chine jusqu'à un volume annuel d'importations de 7 GW. Au-delà de ce volume, les importations seraient taxés entre 38,3 et 67,9%, selon les sociétés. Or la décision de la Commission européenne telle qu'elle a été publiée au Journal officiel le 3 août dernier ne précise pas ces chiffres, et aucun autre document n'a été officiellement publié depuis. Pourtant, les prix actuellement pratiqués par les fabricants chinois sur le marché européen se situent autour de 0,58 €/Wc, selon l'indicateur de prix des panneaux PV de pvXchange* que L'Echo du solaire publie tous les mois. Les producteurs chinois respectent donc apparemment leur engagement...

Le règlement de la Commission européenne est téléchargeable ici
La décision publiée au JOUE est téléchargeable ici

*A noter d'ailleurs que la Commission européenne a utilisé les bases de données de pvXchange et de Bloomberg pour établir les niveaux de prix.

Selon la plate-forme commerciale pvXchange, les prix de gros des panneaux photovoltaïques en silicium cristallin* sont actuellement plutôt stables sur le marché européen. Mais les fournisseurs chinois semblent développer une nouvelle stratégie qui consiste à proposer des panneaux PV de puissance supérieure …


La fixation d'un prix plancher dans le cadre du compromis avec l'Union européenne se traduirait donc par une fuite en avant pour les fournisseurs chinois qui ne proposeraient ainsi plus guère de panneaux PV de moins de 250 W sur le marché européen. L'offre mondiale s'est en outre étendue avec désormais deux types de panneaux PV de source asiatique : ceux provenant de productions chinoises et ceux venant d'autres pays asiatiques. La plate-forme pvXchange a par conséquent adapté son indicateur des prix en tenant compte de cette évolution.

Pour pvXchange, la concurrence effrénée à la baisse des prix de ces dernières années aurait eu comme corollaire une baisse de la qualité des panneaux PV. Si cette politique du moindre coût devait définitivement appartenir au passé, la procédure anti-dumping de l'UE pourrait donc avoir malgré tout une facette positive, estime Martin Schachinger, fondateur de
pvXchange et responsable du développement commercial.
 
* L'indicateur reflète dorénavant seulement les prix de panneaux photovoltaïques en silicium cristallin sur le marché européen. Pour les panneaux photovoltaïques à couches minces, la disponibilité restreinte et les faibles volumes échangés ne permettent plus d'établir des prix représentatifs. Depuis ce mois d'octobre, l'indicateur comprend par contre une ligne « Asie du Sud-Est, Inde, Taïwan », qui inclut aussi l'Indonésie. Les prix indiqués sont des prix moyens pratiqués sur le marché mondial, et correspondent aussi au prix des panneaux PV chinois non importés en Europe.

Le groupe allemand Viessmann, ou plus exactement sa filiale française Viessmann Faulquemont, reprend la totalité des activités de la jeune pousse SAED (Sophia Antipolis Énergie Développement), spécialisée dans le solaire thermique industriel. Créée en 2008, SAED était en redressement judiciaire depuis le 19 avril dernier …

Viessmann, fabricant mondial de systèmes de chauffage déjà très présent aussi sur le marché des capteurs solaires thermiques, complète donc son offre avec une technologie qui permet plus particulièrement de réaliser des champs de capteurs solaires de grandes dimensions pour produire de l’énergie thermique « haute température », de 80° C à 130° C, avec une possibilité de stockage. Ces systèmes sont destinés à servir dans des réseaux de chaleur, des process industriels et dans le tertiaire. Cette solution équipe notamment l’éco-quartier de Balma-Toulouse, géré par Cofely GDF Suez Energie Services, et a obtenu le Prix de l’innovation de l’Association des maires de France (AMF) en 2011.

SAED avait développé sa technologie plusieurs fois brevetée conjointement avec le CEA. La société était détenue jusqu’ici par des actionnaires majoritaires privés ainsi que par des investisseurs institutionnels minoritaires parmi lequels Cofely GDF SUEZ Energie Services et l’aluminier Slovène Talum. Elle estimait le marché du solaire thermique industriel à quelque 3 milliards de dollars à l'horizon 2020, et s'était fixé pour objectif d'atteindre une part de 10% de ce marché mondial. Deux pilotes industriels existent depuis 2010 en Provence-Alpes-Côtes d’Azur, l'un en toiture de l'école des Mines Paritech à Sophia Antipolis et l'autre au sol au centre du CEA à Cadarache. Viessmann possède, pour sa part, une usine à Faulquemont en Moselle depuis 1972, et compte développer la technologie SAED en France comme à l’international.